Le quotidien d’une modèle photo : Cha-Chan Hyû
Comme vous le savez maintenant pour la plupart, mon métier est celui de photographe. Dans mon article objectifs 2017, je vous expliquais mettre en route une toute nouvelle version de mon site pro. Dans cette édition 2017, vous trouverez une partie blog, dédiée à mon travail et aux gens qui m’entourent. Je ferai donc régulièrement intervenir des maquilleuses, coiffeuses, créatrices, modèles…
Modèle photo, j’en suis venue au constat que c’est un métier/passion, qui intrigue un certain nombre d’entre vous. Il m’a donc semblé logique de vous en parler ici, avant de poster ce même article sur le site pro. Pour vous en parler, je trouvais ça plutôt sympa de faire participer une modèle avec qui j’avais déjà travaillé, celle qui va vous raconter son quotidien est par la suite devenue une amie. J’ai désormais plusieurs amies dans les modèles avec qui j’ai travaillé, mais je trouve Charlotte marquante par son impressionnante progression et son humilité, c’est pour cela que je l’ai choisie pour cet article.
Vous vous demandez à quoi ressemble la journée type ou la semaine d’une modèle ? Charlotte alias Cha-chan vous raconte son quotidien. Je l’inviterai à nouveau dans un prochain article ou elle vous donnera quelques conseils si vous souhaitez débuter.
En commentaire, n’hésitez pas à nous poser toutes les questions auxquelles vous souhaiteriez que l’on réponde prochainement.
Tout d’abord, un grand merci à toi pour cette place que tu me fais sur ton blog !
Pour parler de mes activités en tant que modèle, je pense qu’il est important de présenter un peu le début de cette aventure, et d’introduire avec une histoire personnelle. Contrairement à beaucoup de mannequins que j’ai rencontrés, le fait de poser n’était pas réellement un plaisir pour moi à la base. Au contraire, lorsque j’étais enfant j’étais une vraie boule de complexes, et rien ne s’arrangeait en grandissant. Ma famille a toujours très mal vu le fait d’être trop mince, d’avoir un teint pâle et un visage fin. Pour beaucoup de personnes de mon entourage familial, c’est contraire à la beauté et à la féminité. Alors le jour où un photographe m’a proposé de poser pour lui, j’ai cru à une blague, voir même à une moquerie.
Mais j’ai tout de même décidé de tenter une première séance, sans attendre de réels résultats. Et cela s’est révélé comme quelque chose d’amusant, et au fil des mois, c’est devenu un très bon passe-temps. Je n’avais aucune intention de devenir professionnelle dans le milieu, car rattrapée par mes mauvais souvenirs, j’étais persuadée d’avoir un physique désavantageux. Mais les demandes s’accumulaient, j’additionnais les collaborations sans m’en rendre compte et j’ai commencé à me dire que peut-être, en effet, je pouvais avoir ma chance d’accéder au milieu du mannequinat. Quelques difficultés se sont posées assez rapidement : Je n’avais pas la taille requise pour les agences françaises, je devais me rendre sur Paris, et avoir un book photo de meilleure qualité. Au lieu d’être démotivée par les contraintes, j’ai décidé de franchir un pas et de plaquer mon ancienne vie à Lyon : Je me suis dit que ça ne me ferait aucun mal de partir sur Paris, que cela me ferait grandir. Il faut savoir sortir de sa zone de confort lorsqu’on souhaite évoluer. Une fois dans la capitale, j’ai eu la chance de me faire un meilleur book photo, après des journées entière à rechercher des photographes de la région. Je ne compte plus le nombre de trajets en RER et d’heures passées à travailler sur un meilleur rendu, mais aujourd’hui je me dis que ces efforts ont payés.
Je suis devenue beaucoup plus exigeante envers moi-même, j’ai décidé de ne prendre que le meilleur des shooting, quitte à ne garder qu’une seule photo parmi une série de plusieurs heures. Tout doucement, j’ai commencé à être rémunérée sur quelques projets. Cette expérience sur Paris m’a permis de rencontrer des photographes, des maquilleurs, stylistes et assistants, tous aussi géniaux les uns que les autres. J’ai posé dans des lieux qui me faisaient rêver, je suis devenue l’égérie d’une marque luxueuse de robes de mariées. Cette expérience s’est poursuivie quelques mois plus tard à Hong Kong. J’ai eu l’opportunité d’y passer un certain temps, afin de travailler davantage en tant qu’égérie pour cette marque qui s’est exportée. J’y développe également un projet musical en parallèle.
Cette expérience en Asie a été plus que formatrice, ça a été un vrai déclic. J’ai compris que tout était possible, même si les difficultés semblent parfois énormes. J’ai travaillé auprès d’individus qui m’ont fait comprendre que si on se donne les moyens, les résultats finissent toujours par arriver. Aujourd’hui, la photo est devenue ma principale activité. Mes revenus ne sont pas toujours très stables, mais je m’en moque car au bout du compte, c’est devenu quelque chose d’indispensable à ma vie. Bien entendu, on se retrouve toujours confrontés à quelques problèmes, comme dans chaque métier. Mais le plus dur dans ce travail, c’est le regard que l’on porte sur nous, les modèles, mannequins et égéries. Nous sommes vite considérées comme narcissiques. Beaucoup d’individus jugent cette activité comme quelque chose de facile, qui ne mérite même pas d’être désignée comme du travail. Autant que le photographe entend « Tu as juste à appuyer sur un bouton », le modèle entend « tu as juste à attendre en étant posée sur une chaise ». J’invite toutes ces personnes à m’accompagner lors d’une séance, afin de prouver que d’être modèle, c’est aussi savoir gérer son attitude, ses expressions, la totalité de ses mouvements, jouer des rôles qui sont à l’opposé de sa personnalité, dégager des émotions en permanence, réfléchir à la position de toutes les parties de son corps jusqu’au petit doigt, anticiper chaque lumière qui se pose sur vous, et communiquer avec le photographe sans même devoir lui parler. C’est savoir s’oublier soi-même, en quelques sortes. Oublier qui on est avant la séance, pour se donner à fond dans de nouvelles expressions, montrer une facette de nous-même dont on ignorait l’existence.
En ce qui me concerne, la photo est devenu bien plus qu’une échappatoire ou un travail, c’est le seul domaine dans lequel je me sens complète. A chaque séance j’en apprends un peu plus sur moi, et lorsqu’un shooting se termine, j’ai déjà hâte d’être au prochain. Je sais que j’aurai de nouveaux challenges à relever, de nouvelles tenues à essayer, de nouvelles personnes à rencontrer… Et en ce qui concerne les défilés, c’est exactement le même ressenti : Selon ce que je porte ou selon le public que j’ai en face de moi, je me sens différente, nouvelle, prête pour une autre expérience et déterminée à tout donner. Tout ceci je le dois entièrement aux photographes et aux personnes qui ont su me faire confiance, et qui font qu’à l’heure actuelle, je me sens bien dans mon corps et que pour rien au monde je ne changerais quoi que ce soit.
Lorsque je me vois sur les photos, je ne cherche pas à savoir si je me trouve belle ou non sur celle-ci. Je cherche d’abord à savoir si j’ai correctement géré au niveau de l’expression et de l’attitude, si j’ai su donné le meilleur de moi-même. Et si ces critères sont respectés, alors je suis satisfaite de mon travail. Je sais que beaucoup de personnes souhaitent tenter l’expérience et n’osent pas, peut-être parce que comme moi elles se sont retrouvées face à des difficultés. Je pense qu’il ne faut jamais s’arrêter à une contrainte. Bien souvent, ceux qui réussissent sont ceux qui ont eu le cran de se dire « je m’en fou, j’y vais quand même ». Le plus important c’est de faire attention, car c’est un milieu où l’on peut vite se faire des illusions. Garder les pieds sur terre est la meilleure chose à faire, que cela soit pour ce métier ou un autre, il faut se respecter soi-même. Cela dit, je n’ai jamais eu de mauvaise expérience avec les photographes. La seule personne avec laquelle je suis en conflit permanent, c’est moi-même, à cause de mon exigence et de la peur de décevoir.
Pour finir, je pense que beaucoup de personnes voient le monde de la photo comme un monde de paillettes et de princesses. Certes, il y a de cela, mais pas que. C’est aussi un milieu bourré de talents et d’artistes qui mériteraient d’être connus. On n’imagine pas tout ce qu’il se cache derrière une belle photo : Des heures de préparation, parfois même des projets anticipés depuis des semaines/des mois. Que cela soit derrière une exposition de photos artistiques ou derrière une affiche publicitaire pour un parfum, il y a une dose de travail colossale, et pas juste« une belle fille et un bon appareil photo », comme beaucoup l’imaginent. J’espère sincèrement que mon témoignage apportera un peu de courage à toutes les personnes qui souhaitent se lancer !
Où suivre Cha-Chan Hyû :
Son Site : http://www.cha-chan-hyu.com/
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Son Instagram : https://www.instagram.com/cha_chan_hyu/
Crédits Photo : Frederic Noyon, Aristophane Montmorency, Christophe Clovis, Déborah Atlan, Endymion Photographie, Fixum Lucem, Oyc Chraibi
Commentaire
Tu es courageuse, sympa et humble.
Continue ma jolie Charlotte ?